La Tunisie doit changer la manière de coopérer avec l’Europe
Amine BEN GAMRA (*)
Des institutions qui miment leurs équivalents occidentaux ne peuvent jamais soutenir la Tunisie, les partis qui ne s’expriment pas sur les intérêts réels du pays ou ne défendent pas les groupes sociaux n’offrent pas de véritable débat, sont une recette pour le désastre.
Des institutions qui miment leurs équivalents occidentaux ne peuvent jamais soutenir la Tunisie, les partis qui ne s’expriment pas sur les intérêts réels du pays ou ne défendent pas les groupes sociaux n’offrent pas de véritable débat, sont une recette pour le désastre.
Le diable est dans les détails et cela n’est nulle part mieux illustré que dans le cadeau empoisonné de l’europe à la Tunisie.
La Tunisie mérite mieux qu’un programme d’aide de 1 Milliard de dollars pour que notre cher pays s'engage à jouer le rôle de gendarme de l’UE.
Dans le contexte d’une crise financière profonde, les dirigeants tunisiens devraient s’assurer que leurs partenaires de l’UE comprennent l’importance de la stabilité globale de la Tunisie dont la sécurité est primordiale non seulement pour les 12 millions de Tunisiens mais aussi pour les Européens.
Cette prise de conscience de l’interconnexion des économies et des environnements sécuritaires européens et nord-africains est encore plus pertinente lorsqu’elle s’applique à la Libye. Cela peut être matérialisé par la désastreuse mauvaise gestion de la transition post-Kadhafi par les États-Unis, l’Union Européenne et les Nations Unies. En effet, l’échec de l’action collective, le manque de volonté d’investir suffisamment de capital politique en Libye et les conflits internes sans fin entre les gouvernements européens ont mené à un résultat médiocre éminemment évitable sur le terrain en Libye.
De nouvelles turbulences en Tunisie, alors que le pays ne parvient pas à se réformer et tombe dans une pauvreté encore plus grande, ne feraient qu’accélérer le rétrécissement stratégique déjà évident dans les relations entre l’UE et les pays du Maghreb.
Le retrait de l’hégémonie américaine dans la région a eu pour conséquence que l’UE et la France, sans doute l’acteur clé en Afrique du Nord, n’ont pas réussi à coordonner leurs réponses aux crises interdépendantes du Mali à la Libye. Le désengagement sélectif des États-Unis du Moyen-Orient élargi est le premier facteur qui contribue à affaiblir l’influence de l’Europe en raison des innombrables divisions internes de l’UE et de son obsession à bloquer la migration plutôt qu’à s’attaquer à ses causes profondes. Cela a coûté à l’UE une grande partie de son influence diplomatique en Afrique.
En Tunisie, où l’État, aussi faible soit-il, est debout, une réponse unie et généreuse pourrait être le geste stratégique le plus intelligent que l’UE puisse offrir, un geste qui évitera des politiques encore plus douloureuses et coûteuses dans quelques années.
Cette réponse ne peut émerger que d’une compréhension correcte des conditions structurelles qui ont initialement conduit aux soulèvements du Printemps arabe, des échecs des processus de transition post-dictature et de la réapparition des mêmes symptômes qui ont déclenché les soulèvements.
* Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie
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