Latifa l'ATI et le (.)com

L'Internet c'est magique. Un monde ou l'homme réapprend les notions fondamentale du temps et de l'espace , et découvre une autre manière d’être dans l'espace virtuel. L'internaute traverse les pays, les territoires,et

s'affranchit des contraintes du lieu . Il navigue librement au gré des clics dans cet univers de la communication sans frontières.. C'est que l’Internet n'est pas la télévision, ni la radio ou le journal, des mondes qui restent malgré tout clos. Dans le réseau , chacun de nous , internautes assidus ou simples curieux, découvre que la géographie est désormais réinventée et ne peut réfuter l’idée que le Monde tout le Monde, est devenu notre territoire.

Pourtant quand on consulte l'annuaire des sites web tunisiens de l'Agence Tunisienne de l'Internet (ATI), on a l'impression que l'Internet est autre chose et que sa géographie est encore prisonnière d'une conception ancienne qui ignore le sens même de ce qu'est la virtualité, principe fondateur du réseau.

Une question d'abord qui explique le problème .Comment juger de la "Tunisianité" d'un site dans un réseau qui ignore la géographie ? Est tunisien,selon ATI L'agence Tunisienne de l'Internet, tout site web hebergé en Tunisie.C'est a dire lié a cette géographie bien réelle, disparue dans le réseau. Une définition étrange qui du coup exclu tous les portails tunisiens hébergés a l’étranger sur le .com en particulier. C'est à dire les Winoo, bab-el-web, nadhour, imaghreb,Tunisiafind...qui ne font pas partie de cet annuaire du "web tunisien"?.
Selon l'ATI ,ces portails tunisiens, au contenu bien tunisien, crées par de jeunes tunisiens vivant parmi nous en Tunisie ,et faisant partie de cette nouvelle génération tunisienne qui participe selon ses moyens, souvent modestes, mais avec une grande passion à l’éclosion de cette économie de l’immatériel, de cette nouvelle de cette nouvelle économie, devenue essentielle aujourd’hui, ne seront pas tunisiens! Pourquoi ? parce qu'ils ne sont pas hébergés en Tunisie, sur le .tn.

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Etrange approche des choses, qu'on n'ose pas appliquer à d'autres domaines de la culture et des arts et même de l’économie. Sinon, comment considérer encore Latifa Arfaoui, pour prendre un exemple basique, comme artiste tunisienne ,elle qui vit et chante en Egypte!
Héberger un site web, c'est mettre son contenu sur le réseau et le rendre accessible aux internautes du monde entier. L'emplacement géographique de la machine qui contient ce contenu importe peu puisque l'Internet est un réseau universel.

Pourquoi donc exclure toute cette nouvelle expression numérique du génie et du talent de nos jeunes qui ont préféré promouvoir la Tunisie, son économie et sa culture a partir du lien symbolique de la mondialisation: le .com? L’année a été déclarée en Tunisie année de la culture numérique. Et le président de la république vient de décider la création d'un prix qui récompense la meilleure œuvre qui participe au rayonnement de la culture tunisienne.

Or ces portails tunisiens crées par des jeunes Tunisiens,sont la preuve même que cette culture numérique s'est déjà concrétisée dans notre pays. Ces portails témoignent aussi d'une volonté farouche de cette nouvelle génération de faire de la mondialisation, de la communication une chance pour créer, innover et inventer.
Winoo, nadhour, bab-el-web, imaghreb, tunisiafind...sont la fierté du web tunisien et de l’Internet en Tunisie car ils nous rassurent sur notre capacité a nous approprier ces nouvelles technologies et à agir en acteurs dans cette nouvelle économie. Leur place est donc au coeur même de ce web tunisien, qu'on ne peut réduire a quelques sites d'entreprises...

En fait,il n'y a pas deux web tunisiens. Mais un seul. Un territoire naissant ,lie au grand réseau. Nous sous-estimons beaucoup, ou ignorons ,en Tunisie l'effet que crée l’arrivée des nouveaux acteurs de la culture numérique ,parce que les modèles qu’on se donne pour penser cette nouvelle dynamique résistent au changement. Comment considérer en effet ,ces portails tunisiens ? Ou les classer? élaborés ici-même mais qui nous reviennent de cet endroit mythifié qu'est le. com. Pionniers d'une culture et d'un modèle de media sans histoire ici, mais poursuivant un chemin déjà balisé ailleurs au bout duquel il y a yahoo, altavista.... le rêve d'une place au soleil parmi les vainqueurs.

Hammami sadok

Réalités Multimédia

Hammami Sadok :Docteur en sciences de l'information et de la communication de l’université de Grenoble III
Enseignant chercheur a l'IPSI Département communication.

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