TUNISIE : Baisser les frais bancaires sur les transferts d’argent par les expatriés à 3% (contre 8 % actuellement)

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MOKTAR LAMARI,PH.D

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Les expatriés tunisiens réunis hier pour examiner les modalités de venir en aide à la Tunisie n’avaient pas besoin de discours, ils avaient plus besoin de mesures concrètes et courageuses. Notamment au sujet des frais bancaires qu’on leur impose hors de toutes les logiques économiques. Injustement…

Hier aussi et lors de ces rencontres, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie a livré un discours rappelant quelques chiffres clefs, mais pas plus, n’apportant rien à mettre sous la dent, quand on est expatrié et qu’on transfère de l’argent pour la famille élargie, pour construire une maison et pourquoi pas investir.

Dans son discours, le gouverneur de la Banque centrale a évacué les vrais problèmes et s’est limité à proposer ce qu’il qualifie de diaspora bond, un produit financier dont les contours ne sont pas définis et qui en soi est très loin de susciter l’engouement. Le gouverneur de la Banque centrale semble ne pas connaître la nature de cette diaspora de 2 millions de personnes, et tout indique qu’aucune étude n’a été menée pour investiguer leur besoin en services et produits financiers.

Le diaspora bond, cette solution tirée du chapeau, n’est pas la solution aux problèmes et coûts de transfert de l’argent par les expatriés à leurs familles en Tunisie.

On s’attendait à des annonces de la part du gouverneur de la Banque centrale, au moins sur cinq points. Peine perdue…


1- Les frais de transfert bancaire

En Tunisie, ces frais directs sont de l’ordre de 8%. Sur chaque 1000 dinars transférés, on laisse aux banques 80 dinars en frais. Le système bancaire tunisien se sert au passage, avec des frais qui dépassent le coût marginal des opérations. Le Maroc a divisé par deux ces frais grâce à une action vigoureuse de la Bank d’Al Maghrib.


2. Le Taux de change

Les taux de change dans plusieurs banques tunisiennes dépassent les taux en cours, de manière discrétionnaire, selon l’heure et l’endroit. Les banques tunisiennes profitent de la manne migratoire, sans innover ni soigner la relation client.


3- Le plafonnement des retraits

Dans plusieurs banques, y compris à l’aéroport de Tunis, on plafonne le retrait à 300 dinars, avec 12 à 14 dinars de frais fixes. Pour retirer 1000 dinars, il faut payer 3 fois, soit 40 dinars en moyenne. Méthode rodée.

Sans oublier les frais fixes imposés par la banque d’origine (Canada, Allemagne, France).


4- Les déserts bancaires

À l’intérieur du pays, il n’y a parfois ni guichets fonctionnels ni banques ouvertes l’après-midi. Les régions de la Tunisie profonde, d’où viennent beaucoup d’émigrants, manquent d’infrastructures.

Les guichets défectueux peuvent avaler la carte du client, qui devra attendre l’ouverture de la banque pour récupérer son argent de vacances.


5- Les machines de paiement

Dans les agences de location, restaurants, hôtels, beaucoup de personnel n’est pas formé au paiement par carte. On passe la carte plusieurs fois, puis on vous dit : « problème de réseau ».

Il faut parfois appeler sa banque à Montréal ou Paris (avec décalage horaire) pour bloquer les montants.


Tous ces inconforts et mauvaises pratiques justifient l’intervention de la Banque centrale. Avant même de parler d’investissement ou de placement de l’épargne.

La mesure la plus importante : réduction des frais de transferts de moitié. Le Maroc, le Sénégal, la Côte-d’Ivoire l’ont fait. Pourquoi pas la Tunisie ?


Comment renforcer les transferts d’argent des expatriés vers l’économie tunisienne

Objectifs :

* Soutenir les familles
* Développer l’économie locale
* Encourager les investissements


1. Services financiers accessibles

Bancarisation simplifiée
• Partenariats entre banques locales et internationales
Comptes multi-devises


2. Soutien aux fintechs

• Encourager les services : Wise, Remitly, WorldRemit, Revolut, Orange Money, Wave
Applications locales sécurisées
Wallets mobiles en zone rurale


3. Réduire les frais de transfert

• Accords bilatéraux
• Stimuler la concurrence entre MTOs
Supprimer taxes sur transferts


4. Éducation financière

Comparer les offres
Sensibilisation à l’épargne
• Outils de comparaison : Monito


5. Initiatives publiques / communautaires

Diaspora bonds, micro-investissements
Coopératives de transfert
Chambres de commerce de la diaspora


6. Régulation & transparence

• Surveillance des MTOs agréés
Affichage clair des frais et taux
Harmonisation entre banques centrales


Plan d’action pour faciliter les transferts des expatriés tunisiens

Objectif principal :

Réduire les coûts, améliorer l’accessibilité, orienter vers des usages productifs, sécuriser les flux.


1. Digitalisation et diversification

Portail officiel unique
• Partenariats : La Poste – Wise / Remitly / PayTop
Intégration des fintechs locales comme Flouci


2. Réduction des coûts

Plafond réglementaire < 3%
• Accords avec France / Allemagne / Italie
• Comptes gratuits ou à faibles coûts pour expatriés


3. Inclusion financière

Campagne de bancarisation en zones rurales
• Accès au mobile banking
Formations numériques pour femmes, retraités…


4. Épargne vers projets productifs

Fonds d’investissement de la diaspora
Diaspora bonds (éducation, santé…)
Plateforme de co-investissement participatif


5. Confiance & régulation

Surveillance MTOs agréés
Label “Tunisie-Diaspora”
Comptes bancaires à distance 100% digitaux


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