Med.tn : Table Ronde pour démêler le vrai du faux dans la lutte contre le tabagisme

À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, la plateforme Med.tn a organisé une table ronde réunissant des experts de la santé cardiovasculaire et mentale, dont le Dr Dhaker Lahidheb, cardiologue, et M. Anas Laouini, psychologue clinicien spécialisé en thérapies comportementales. L’objectif : dresser un état des lieux du tabagisme en Tunisie et explorer des stratégies concrètes pour en réduire l’impact, en s’inspirant notamment des modèles internationaux réussis.
Une prévalence alarmante, une réponse à renforcer
Une prévalence alarmante, une réponse à renforcer
La Tunisie figure parmi les pays les plus touchés par le tabagisme en Afrique et dans la région Méditerranée orientale. En 2023, 49,8 % des hommes adultes étaient fumeurs, tandis que le taux chez les femmes restait faible (1,9 %) mais en légère progression par rapport à 2018.
La situation est particulièrement préoccupante chez les jeunes, avec 11,9 % des adolescents de 13 à 15 ans et 14 % des 15 à 17 ans qui fument régulièrement, parfois dès l’âge de 7 ans. L’usage des cigarettes électroniques connaît également une hausse significative, atteignant plus de 17 % des mineurs en 2023.
La mortalité prématurée liée au tabac chez les hommes tunisiens a progressé de 20 % depuis 2010, et le tabagisme demeure plus répandu en milieu urbain.
Dr Lahidheb : élargir les solutions de sevrage et sortir du symbolisme
Le Dr Lahidheb a mis en évidence les limites des campagnes actuelles, souvent concentrées autour de journées symboliques et manquant de continuité. Il souligne que le tabac tue près de 8 millions de personnes par an, dont 1,3 million par tabagisme passif, un fléau qui touche particulièrement les femmes dans leur environnement familial.Selon lui, la solution passe par une diversification des outils de sevrage, adaptés et accessibles : patchs, gommes, mais aussi des produits alternatifs validés scientifiquement comme les dispositifs de tabac chauffé, qui réduisent jusqu’à 90 % des substances toxiques grâce à l’absence de combustion. Il met toutefois en garde contre leur banalisation, précisant qu’ils ne doivent être envisagés que dans un cadre médical et transitoire, à destination des fumeurs adultes dépendants.
Il cite également l’exemple de la Suède, pionnière avec le snus, un produit sans combustion consommé par voie orale, qui a permis de faire chuter la prévalence du tabagisme à moins de 5 %, faisant du pays un modèle de société sans fumée.
M. Laouini : vers une approche plus humaine et intégrée
De son côté, Anas Laouini appelle à une approche plus empathique et pluridisciplinaire du traitement de la dépendance au tabac, qui tienne compte des aspects émotionnels, comportementaux et sociaux. Il critique les campagnes culpabilisantes et insiste sur la nécessité de former les professionnels de santé pour qu’ils assurent un accompagnement individualisé.Il plaide pour une mobilisation plus large de la société civile, des enseignants, des médias et des influenceurs afin de changer les représentations sociales autour du tabagisme et créer un environnement plus favorable à l’arrêt.
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