Festival de la Médina : Tunis raconte ses rues
Renouant pour la quatrième année consécutive avec le festival de la Médina, le fin narrateur Abdessattar Amamou a retrouvé dimanche dernier à Dar Lasram un public assez nombreux et fidèle pour une causerie ramadanesque autour de l'histoire de la ville de Tunis. Abdessattar Amamou a choisi de faire une randonnée, à travers les rues de la Médina, pour revenir, avec force détails, sur les origines de leur appellation.
Un voyage spatio-temporel, où le public empruntait le pas du narrateur. Ce dernier a fait rappeler qu'il demeure impossible de raconter Tunis, même durant plusieurs séances, étant donné que la capitale est d'une superficie de 270 hectares. Son nom est d'origine berbère. « Tiné » et « Tines », veulent dire : le relais. Avant la création de la municipalité de Tunis en 1858, qui avait instauré le système nominatif des rues, les habitants se référaient pour indiquer leur lieu de résidence, à des lieux communs, comme la grande mosquée.
Un voyage spatio-temporel, où le public empruntait le pas du narrateur. Ce dernier a fait rappeler qu'il demeure impossible de raconter Tunis, même durant plusieurs séances, étant donné que la capitale est d'une superficie de 270 hectares. Son nom est d'origine berbère. « Tiné » et « Tines », veulent dire : le relais. Avant la création de la municipalité de Tunis en 1858, qui avait instauré le système nominatif des rues, les habitants se référaient pour indiquer leur lieu de résidence, à des lieux communs, comme la grande mosquée.
La promenade commença donc à la Porte de France ou Bab Bhar, l'actuelle place de la Victoire, anciennement Place du Cardinal Lavigerie. Cette place portait bien avant le protectorat français, le nom de Place de la Bourse (Sarrafa, en arabe), en allusion aux fournisseurs de monnaie à l'époque. C'était des Tunisiens juifs qui exerçaient ce métier à même la place, où des tables et des chaises étaient installées.
Les opérations de change, y avaient également lieu. Nous primes ensuite, avec notre narrateur, la rue des Glacières, la première rue se situant à notre droite. Il y avait dans le temps une fabrique de glace qui fit donner en 1842 son nom à la rue qui l'abritait. Avant cette date, on importait par voie maritime, la glace de Sicile à la moyenne de deux fois par semaine. Ce quartier, ajouta Si Abdessattar, abritait plusieurs consulats, si bien qu'il y avait depuis 1270 celui de la Suède, au temps des Hafsides. La rue suivante n'est autre que celle de l'Ancienne Douane qui porte bien son nom, du fait que l'ancienne direction générale de la Douane y existait. Et nous arrivâmes à la rue de la Kasbah la plus longue rue de la Médina, le « long souk » ou « Ennahj Ettouil», (la longue rue),comme l'appelaient ses riverains et les habitants de Tunis en général.
La rue de la Kasbah commence à la Porte de France pour aboutir à la Place de la Kasbah. Quant à la rue de la Commission, située sur la gauche de la place de la Victoire, elle désignait (Al coumissioune el meli) ; la commission monétaire ; qui par le hasard des choses, abrite aujourd'hui une recette des finances. Face à l'immeuble de la « Commission » se dresse « la casa de la liberté », la maison de Garibaldi qui vécut durant trois ans en Tunisie avec le Comte Cavour, avant de gagner l'Italie et d'entreprendre son unification.
Cette demeure attend toujours d'être restaurée, après l'accord signé entre la municipalité de Tunis et l'Etat italien. Seule la façade le fut. En rebroussant chemin, nous entrons dans la rue Jaâma Ezzitouna, qui prit ce nom en 1957, après avoir longuement porté celui de la rue de l'Eglise. Mais bien avant 1881, sacré Abdesssattar Amamou ! elle s'appelait rue Eznaïdia ou Souk Eznaïdi, les fabricants et réparateurs du Zned, partie de la carabine. Plus loin, nous trouvons la rue Essraïrya, les réparateurs du « Srir », autre partie de la carabine.
Et pour revenir à l'ex-rue de l'Eglise, cette dernière abritait l'Eglise Sainte Croix, actuellement reconvertie en arrondissement municipal. Cette ancienne église existait depuis 1662 et prit sa forme actuelle en 1848.
La randonnée fort intéressante fut longue et riche d'informations historiques sur d'autres rues, ruelles et impasses de la ville cité de Tunis. Abdessattar Amamou, au verbe facile et éloquent, n'est pas sans nous rappeler l'historien et érudit feu Othman Kaâk qui avait la particularité de s'arrêter sur des détails de l'histoire et de la petite histoire, s'il le faut, pour fournir des informations crédibles et expliquer au mieux l'histoire de nos monuments et sites.
Lotfi BEN KHLIFA
Plus de détails : Le Temps
Comments
0 de 0 commentaires pour l'article 3191