Pour certains chercheurs, la Tunisie est encore une colonie française

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Victor Dupont, - Capture d'écran/Iremam


Lamari, Moktar

Comme d’habitude, les médias français se mettent en meute pour s’attaquer indûment aux pays vulnérables. La Tunisie subit ces attaques à répétition. Cette fois-ci pour dit-on un « chercheur français » arrêté pour « espionnage » par la Tunisie.

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La quasi totalité des médias français se sont déchaînés ces trois derniers jours pour crier au scandale, comme si la nationalité française est intouchable, même si dans ce cas, tout indique que la personne en question a bafoué toutes les règles basiques en matière de déontologie et façons de faire en recherche scientifique dans le domaine social, dans un pays qui n’est pas le sien et au sujet d’un enjeu qu’on ne peut traiter sans biais et sans au moins une codirection scientifique.

La Tunisie n’est plus la colonie française d’antan, et cela beaucoup de chercheurs français et proxys locaux ne veulent pas le comprendre. Pour ceux-ci, au nom de la liberté du « chercheur’, on peut tout faire dans ces pays francophones depuis toujours « dominés » par la France.

Les faits d’abord

Le prétendu « chercheur français » M. Victor Dupont arrêté pour «atteinte à la sûreté de l’Etat», n’est qu’un étudiant lambda, inconnu, qui n’a pas de doctorat, et qui n’existe même pas sur Google scholar, ou n’importe quel autre site de recherche et de chercheurs ayant le statut.

À ce sujet, les médias et les diplomates français ne racontent pas la vérité quand ils parlent de chercheurs français, plutôt que d’étudiants comme tous les autres. C’est comme pour impressionner, c’est comme pour polluer l’information et nuire à la Tunisie.

Victor Dupont, cet inconnu de la recherche est prétendument inscrit au doctorat, du système français (Université d’Aix en Provence et il a 27 ans. Et c’est vrai qu’il est en détention par la police tunisienne, depuis le 19 octobre pour «atteinte à la sûreté de l’Etat».

Les médias français rapportent que ses travaux portent sur le parcours des révolutionnaires de 2011, en Tunisie. On n’en sait pas plus, sur ce qu’on met sous le vocable de « révolutionnaires » et où on peut les croiser, ni comment les identifier.

Un sujet, certes pertinent, mais qui ne peut être confié à un jeune étudiant, sans encadrement, lâché seul dans la nature, un peu militant un peu front-tireur. C’est comme si on s’attache aux apparences d’abord, et la rigueur scientifique passe après.

Rien de scientifique

Pour mener une recherche scientifique et pour faire des collectes de données de terrain en Tunisie, comme ailleurs dans le monde, il faut disposer d’un certain nombre de préalables, incontournables. Je cite dans trois, dans ce cas.

1- Il faut disposer d’un devis de recherche complet, rigoureux et pouvant être mis à la disposition de n’importe qui, qui s’inquiète de ces investigations douteuses, prétendument scientifiques. Sans devis de recherche rigoureux, on ne peut prétendre faire de la recherche scientifique.

Le dit doctorant ne dispose pas de devis de recherche répondant aux normes. Il ne dispose pas de question de recherche précise, encore moins des hypothèses (résultats postulés et une méthodologie qui se défend.

2- Partout dans le monde, quand on pratique une recherche impliquant des sujets humains, des communautés vulnérables et des populations politisées (un tant soi peu), on doit signer un engagement éthique, et avoir les autorisations déontologiques minimales. On se doit de faire signer les répondants, pour avoir leur consentement préalable.

Rien de de cela n’a été fait par ce jeune étudiant, qui pratique une recherche d’amateur, de « charlatanisme » pour ne pas dire d’ « espionnage ». Le jeune étudiant est ethniquement en contravention, au regard des codes d’éthiques, les plus basiques en recherche en sciences sociales.

3- Quand on mène une recherche scientifique, on doit disposer de l’accompagnement scientifique requis. On ne dirige pas un étudiant à distance par email, on ne parachute pas un étudiant seul dans une culture qui n’est pas la sienne, sans encadrement de la part d’une collègue issu des universités de cet autre pays et contexte. Il ne comprendra rien et finira par affirmer n’importe quoi, sans preuve hors de tout doute.

La recherche « coloniale »

Revolu le temps de ces chercheurs-missionnaires, à la française qui, un jour chercheur, un autre espion et un troisième jour diplomate-militaire.

Pour mener à bien une recherche scientifique en Tunisie, il faut nouer un minimum de lien de collaboration avec les chercheurs tunisiens travaillant sur le sujet et sur le même terrain de recherche. Une recherche n’est pas une action solitaire, anodine qu’on peut négocier avec un fonctionnaire ou un diplomate. Ce n’est pas non plus, une démarche aisée à la porte de tous.

Dit-on, Les travaux du jeune universitaire se faisaient en accord avec le ministère de l’Enseignement supérieur de Tunisie. Les responsables de ce ministère contestent ces propos et les renient fermement.

Faire de la recherche académique de terrain, à ses codes déontologiques que Vincent Geisser, directeur de l’Iremam, ne veut pas reconnaître ou appliquer dans le cas d’une ex-colonie de la France.

M. Geisser est dit-on le responsable scientifique de cet étudiant, même si cela reste à vérifier. Pour cet universitaire controversé par ailleurs au sujet des aberrations et contradictions dans résultats , la Tunisie, c’est encore le bled où tout est permis. Ce chercheur joue le prédateur pour harceler les pays et dirigeants en difficulté, il est capable d’insulter et juger sans preuve.

Pas pour rien, il n’existe pas sur Google scholar, il n’est cité par personne. Le genre de chercheur « grande gueule », sans crédibilité confirmée. L’arbre se juge à ses fruits.

L’asymétrie en recherche

Quel étudiant tunisien peut aller en France librement et mener des recherches sans un devis de recherche tuniso-tunisien, un visa, des collaborations avec un codirecteur en France.

En France, un chercheur ne peut même pas poser la question qui veut savoir si le répondant d’un sondage est d’origine étrangère, naturalisé…c’est la Loi française, il y’a des questions sensibles qu’on ne pose pas en recherche. C’est la France et c’est la recherche à la française.

Consternation des chercheurs tunisiens

Choqués, plusieurs chercheurs tunisiens veulent comprendre pourquoi cet nième acharnement contre la Tunisie, pourquoi ces tempêtes intempestives?

À ce sujet l’ambassadrice Anne Guéguen se mêle les pédales, perd sa crédibilité et elle doit appeler un chat un chat.

Elle a le droit de défendre son « concitoyen », mais elle doit blâmer son encadreur français, et l’amener à demander pardon. Elle doit faire son mea culpa, au nom des médias et universitaires français qui falsifient les fais et jouent contre la crédibilité de la recherche sociale en France. Et qui s’acharnent contre la Tunisie, pour des fins nébuleuses, mais qui n’échappent plus à personne.

Dans ce cadre, et tant qu’à faire, on peut poser la question à l’ambassadrice de France n Tunisie et à ses « chercheurs », d’inclure dans leurs « programmes de recherche » l’assassinat par les Français de Frahat Hached en 1952, d’Ahmed ben Youssef en Europe en 1960, et d’une trentaines de « fellagas » révolutionnaires enterrés vivant par l’armée française, dans les Montagne de Benukedahe, en 1958.

Il est temps de se mettre aux standards internationaux en recherche scientifique en sciences sociales et humaines. Il faut arrêter avec cette recherche dite de terrain, où on fait n’importe quoi pour trouver rien de scientifique.

Et pour l’histoire, des centaines de chercheurs et des centaines d’étudiants se sont avérés des espions, mandatés pour extorquer et bidouiller des informations, pour les fins de la cause de leur mandataire. De telles informations sont instrumentalisées pour mettre de la pression et du chantage. Et cela n’est pas un secret.

Au final, deux questions se posent:

- une, peux-t-on juger un étudiant chercheur pour le déficit déontologique et éthique de son devis de recherche?

Deux : peut-on juger l’étudiant, pour un délit commis par son directeur de thèse et son université?

À ces questions, on attend des réponses de l’Universite d’Aix en Provence, et pourquoi pas des ministères de l Esneignement supérieur, des deux pays concernés, à savoir la France et la Tunisie.



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