Action culturelle: Non, la médina n'est pas un désert artistique

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La conjonction des initiatives privées, la continuité du service public et la permanence d'institution-racines font l'embellie. Alors que les commerces culturels du centre-ville ferment un à un, dans la Médina, ils ouvrent et marchent.

Pendant très longtemps, l'action culturelle dans la médina de Tunis était le fait de l'unique club Tahar Haddad alors animé par Jelila Hafsia. Fondé en 1974, ce club a été un véritable aiguillon qui, dans la durée, a démontré que la médina pouvait être le havre d'un réel travail culturel.

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Depuis, les choses ont bien changé grâce aux efforts de la Ville de Tunis et du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine mais aussi, grâce à l'impulsion de l'Association de Sauvegarde de la Médina. Désormais, outre les musées et les anciennes demeures, plusieurs espaces culturels vivent dans la médina et attirent un public nombreux.

Bien sûr, le palais Khiereddine fait figure de joyau et abrite dans ses locaux le musée de la ville de Tunis. A son image, la Maison de la Poésie, les nombreux musées et certaines institutions historiques, comme la Rachidia, déploient une action remarquable.

Deux éléments nouveaux sont en outre venus vivifier le tissu culturel de la Médina. L'investissement privé dans la culture et le loisir ainsi qu'une nouvelle génération d'espaces culturels publics jadis anonymes mais jouissant aujourd'hui d'une notoriété certaine.



Trois Medersas Branchées

Plusieurs medersas de la Médina sont restées fermées durant des décennies. Servant dans le passé de foyers pour les étudiants zeitouniens, ces mouvements historiques ont longtemps été délaissés puis ont fini par retrouver un peu de leur ancienne splendeur.

Si les Medersas Mouradia et Bachia ont été versées dans le domaine de l'enseignement professionnel, trois autres medersas font aujourd'hui partie intégrante du tissu culturel.

Animée par Salouha Inoubli, la Medersa Slimania a eu une longue continuité. Elle continue à proposer des programmes culturels tout en ciblant, comme public actif, les professions médicales. Polyvalente, cette maison de la culture mène une action à tous égards remarquable.

Avec son théâtre, ses rêves et sa grande expérience d'animateur culturel, Hamadi Mezzi est le directeur de la Médersa Bir Lahjar. A la tête de cette institution, il mène une action en direction des jeunes créateurs très nombreux à fréquenter ces lieux.

Son amour du cinéma, son propre parcours de cinéphile ont mène Ahlem à donner à la medersa Achouria qu'elle dirige, l'image d'un espace expérimental, d'un laboratoire où naissent bien des projets expressifs.

Grâce à ces trois espaces, et malgré la modicité des moyens dont ils disposent, nous sommes sortis du monopole jadis exercé par le Club Tahar Haddad qui continue, sous la direction de Hédi Mouihbi, à mener une action exemplaire.

Ceci étant, le service public de la culture est donc bien présent dans les murs de la médina. Toutefois, ce sont les privés qui ont clairement amélioré la donne...



Une étincelle et des initiatives

Dernier né des espaces culturels dans la médina, le théâtre d'art de Nouredine Ouerghi a élu domicile dans les locaux de Dar Ben Abdallah. La semaine dernière, on y donnait "Jay min ghadi", une nouvelle création qui a drainé le grand public. Malgré sa situation dans un véritable dédale, ce nouveau théâtre est un succès, une nouvelle preuve de l'ancrage des nouvelles expressions culturelles dans la médina.

C'est de Alia Beschaouch qu'est venue la première étincelle. C'était au début des années 80 et elle venait de créer la galerie Médina au Dar Boudarbala. Le succès fut immédiat et, dès lors, les initiatives allaient se multiplier : un restaurant au Dar Abdelkefi, un hôtel au Dar Belahouane, de nombreux autres établissements un peu partout allaient peu à peu contribuer à un retour vers la médina.

Avec leur originalité, d'autres initiatives, comme les cercles bibliophiles de Dar Bennani ou Fouq Essour allaient disséminer encore plus cette présence culturelle. Il faut d'aileurs noter que la quasi-totalité du mouvement culturel des années vingt à cinquante avait pour ancrage la médina. Entre la Khaldounia, le souk des libraires et les cafés Mrabet et Kachachin, tous les intellectuels et les artistes avaient élu domicile.

Dès lors est-ce un retour vers cette médina essentielle ? Certains, comme les anciens de Sadiki, ne l'ont jamais quittée. D'autres comme plusieurs jeunes artistes, viennent juste de la découvrir. Une nouvelle vague, annoncée dès la fin des années 70 par le Hanout de Mika Ben Milad, se dessine en effet avec la création de nouvelles boutiques design et aussi l'installation d'ateliers d'artistes. Cela préfigurerait-il un nouveau bol d'oxygène culturel ?

Il est encore trop tôt pour l'affirmer mais il est toutefois clair que la conjonction des initiatives privées, la continuité du service public de la culture et la permanence des institutions-racines (Rachidia, Sadiki, Khaldounia)- font de la médina de Tunis, une oasis des arts et lettres que ne menace aucune désertification. Et c'est tant mieux !



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