JCC 2012: Une ouverture belle avant d'être amère
Les 24èmes Journées cinématographiques de Carthage (JCC) se sont ouvertes vendredi soir au Colisée, la reine des salles en plein coeur de la capitale. Mais pour accéder aux noces biennales du cinéma, il a fallu suer longuement et patienter amèrement.
Loin du glamour, des paillettes et du strass, les cinéphiles, les hôtes, les organisateurs et les jurys, tous baignaient dans la sueur dans une atmosphère fiévreuse où la nervosité et le stress étaient au top. Certains ont décidé finalement de quitter les lieux.
Loin du glamour, des paillettes et du strass, les cinéphiles, les hôtes, les organisateurs et les jurys, tous baignaient dans la sueur dans une atmosphère fiévreuse où la nervosité et le stress étaient au top. Certains ont décidé finalement de quitter les lieux.
Le cinéaste tunisien Mohamed Zran, lui se contentait de commenter dans le rire L'accès aux rêves est difficile . Seulement, assister à la cérémonie d'ouverture, était devenu à un certain moment, un véritable cauchemar. Toutefois, les propos du directeur des JCC, Mohamed Mediouni ont été largement apaisants, pour arrêter la frénésie quant il a invité l'assistance à se lever pour observer une minute de silence à la mémoire des martyrs de Gaza, cible de raids israéliens farouches .
Un geste admirablement salué pour un court moment douloureusement partagé par tous.
Tahar Cheriaa, notre Baobab, toute la mémoire des JCC
L'ouverture des JCC cette année revêt un goût particulier, à plus d'un égard.
Rien que de voir sur scène les deux icônes du cinéma arabe et africain, l'égyptien Taoufik Salah et le malien Souleymane Cissé, ensemble rendre hommage au père fondateur, notre baobab Tahar Chériaa qui représente jusqu'à nos jours toute la mémoire des JCC .
Incarnant le cinéma de l'exil, le cinéma de la liberté, Taoufik Salah a tenu avec humour à souligner On vous a suivi dans la révolution et on vous suivra dans ce festival .
Reconnaissant, Souleymane Cissé, primé pour son premier moyen métrage en 1971, a rappelé Les JCC m'ont beaucoup donné, c'est ici que ma carrière a commencé et c'est d'ici que je voudrais dire aux nouvelles générations que l'Afrique est en marche et personne ne peut l'arrêter . Connu par le côté mélancolique dans ses oeuvres, le réalisateur tunisien Taieb Louhichi n'a pu être présent, (pour des raisons de santé). Cependant un hommage a été rendu à cet auteur de L'ombre de la terre , l'un des rares cinéastes tunisiens à établir des ponts solides entre les cultures arabe et africaine.
Pour la première édition post-révolutionnaire, l'ouverture a été marquée par l'interprétation de l'hymne national à la manière du baroque à l'oriental par quatre choristes de l'opéra de Tunisie, accompagnés de la pianiste Toyoko Azaiez.
La fête s'est poursuivie par la montée sur scène du chanteur lyrique Haythem Hadhiri qui a interprété El Bostane un texte de Jaleleddine Erroumi d'après une composition de Ouanes Khligène.
La présence artistique tunisienne a été ponctuée également de la participation de l'artiste, compositeur et guitariste Sofiane Safta qui a offert sa chanson Dégage à toute la Tunisie Unie comme elle ne l'a jamais été en ce jour mémorable du 14 janvier 2011 .
Dans cette même ambiance joviale, le public a interprété avec le rappeur tunisien Mehdi R2M son célèbre titre Je suis tunisien et j'en suis fier .
Solidarité avec Gaza et Tombouctou, où l'actualité est triste
Affichant un retour aux principes fondateurs pour la promotion du cinéma africain, les JCC 2012 se sont ouvertes sous des couleurs africaines avec le groupe sénégalais Mamma Africa et surtout la venue du Mali de la Reine du chant Khira Arbi qui donnera dimanche au théâtre municipal de Tunis, un concert en solidarité avec la ville de Tombouctou (nord du Mali), qui connait une triste actualité.
Côté filmique, un avant goût des oeuvres en lice dans la compétition officielle a été donné à travers des bandes annonces de tous les longs et courts métrages ainsi que des documentaires.
Le président du jury longs-métrages Ali Louati, a tenu à préciser que le festival est grand non seulement par son histoire et les talents découverts, aujourd'hui confirmés, mais aussi par le public toujours curieux de découvrir le cinéma local, arabe et africain . 243 films lui seront proposés dans 13 salles.
Des films récents, portant les mêmes angoisses, les mêmes soucis, les mêmes rêves et les mêmes voeux. Et le voeu du président du jury courts-métrages, Rachid Mechraoui, est de saluer, d'ici, toute la Palestine et particulièrement Gaza en ces moments pénibles .
Dans ce lieu de rencontres, de retrouvailles et de dialogue, les courts propos du président du jury des documentaires, Renzo Rossellini étaient fortement applaudis : la Tunisie est une terre d'hospitalité pour les italiens qui sont très nombreux ici et j'espère que l'Italie sera pareille .
Depuis 44 ans déjà, ce premier rendez-vous, après la révolution, a été marqué par le choix du film Dégage de Mohamed Zran, qui, avant la projection, a tenu à saluer l'assistance pour sa patience, avant de dédier son film chronique de la première révolution dans le monde arabe aux femmes qui se lèvent à 04hOO pour aller travailler, aux jeunes sans emploi, et aux martyrs de la révolution et à leurs familles.
Portant sa caméra, Zran a tourné ce documentaire avec corps et âme pour montrer les plus belles images prises dans la rue, en plein coeur des manifestations et faire entendre les cris de tous ceux qui ont été privés de la parole.
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