Hôpital Wassila Bourguiba en grève : stop à la violence contre le corps médical !
Sante-tn - Le Centre de maternité Wassila Bourguiba a observé, jeudi 26 janvier 2012, une grève du corps médical et paramédical, (urgences et médecine de garde exclue). Et ce, en signe de protestation contre les agressions et la violence dont sont victimes les professionnels de l’établissement et en signe de solidarité avec les deux médecins de garde qui ont été victimes d’agression et de vol dans le parking de l’hôpital.
Depuis un certain temps déjà, les professionnels de la santé toutes catégories confondues, ont été dans le collimateur de plusieurs agressions : vol, saccage, acte de violence, injures... Pour certains, il est difficile de travailler dans des conditions pareilles !
Depuis un certain temps déjà, les professionnels de la santé toutes catégories confondues, ont été dans le collimateur de plusieurs agressions : vol, saccage, acte de violence, injures... Pour certains, il est difficile de travailler dans des conditions pareilles !
Le matin du mardi 24 janvier, c’était carrément le fed-up : le ministère de la Santé a appelé tous les intervenants dans le secteur de la santé (public et privé) d’observer un sit-in de 15 minutes dans les établissements médico-sanitaires pour dénoncer la violence contre ces établissements : une première en Tunisie. Sauf que le soir même de cette manifestation de colère, deux médecins de garde au Centre de maternité Wassila Bourguiba se sont fait agresser. Encore !...
Certes les faits divers ne manquent pas et depuis toujours. Mais au lendemain de la révolution, l’insécurité se faisait nettement ressentir ! Et si l’on a, de temps à autre, droit à quelques moments de trêve, les hors-la-loi reviennent à la charge au moindre vide sécuritaire.
Plusieurs délinquants dévastent d’ores et déjà le paysage de la Tunisie… Et ce que tout Tunisien craint, c’est qu’ils arrivent à faire partie du…décor ! Parce que tout ce qui est répandu finit par être banalisé. Et toute banalisation risque de faire partie de la « norme » !
Or, toutes ces personnes, qui défient la loi, demeureront comme des tâches noires sur notre carte géographique ! Leur place n’est sûrement pas dans la rue à semer librement la terreur. Ils devraient être derrière les barreaux ! Et pourtant, ces derniers temps, le banditisme revient en force ! Les actes d’agression à l’arme blanche et le vol sont plus fréquents.
Le Centre de maternité Wassila Bourguiba en a déjà connu plusieurs. Mais l’incident de ce soir du mardi 24 a « tristement » consacré les crimes ciblés et prémédités. Tout a commencé la veille lorsque la porte a été saccagée… Sante-tn s’est rendu sur les lieux… Zoom sur la face cachée du parking de l’hôpital
Une nuit de cauchemar au parking de Wassila Bourguiba
Mardi soir, une résidente et une interne du service de maternité du Centre étaient de garde. Et comme durant la journée, l’allée devant la porte principale est toujours squattée par les voitures, les deux médecins en question ont dû garer leurs voitures au parking postérieur. Sauf que cet endroit est franchement lugubre !
L’endroit est non seulement non éclairé et non gardé, mais aussi il manque totalement de clôture. Il donnait sur la colline de la Rabta et tout le monde pouvait y accéder. L’interne avait peur qu’on déleste sa voiture. Alors elle a demandé à sa collègue de l’accompagner au parking pour déplacer sa voiture et la mettre dans un lieu plus sûr. Mme Farah Hanini Arfaoui, était la résidente de garde cette nuit-là. Et lorsque vers 22 heures, l’afflux des malades se faisait moins dense, les deux médecins de garde en ont profité pour déplacer leurs voitures de la zone…obscure !
Elles se sont dirigées ensemble vers le parking. Nouvellement maman d’un nouveau-né d’à peine deux mois et demi, la résidente appelle son mari pour prendre des nouvelles de son bébé. Alors qu’elle était au téléphone, sa collègue a crié d’un air sidéré : « Farah, je ne trouve pas ma voiture ! ». « Non, tu plaisantes ?! », lui a-t-telle répondu. Et c’est la dernière phrase que la résidente a pu prononcer avant d’affronter son agresseur ! « Sans crier gare, trois silhouettes ont surgi du néant !
« Les trois agresseurs doivent avoir 18 ans tout au plus, ils sont sortis droit de la colline de la Rabta. Et aucune d’entre nous n’a eu le temps de réaliser ce qui se passe ! précise la résidente. L’un deux m’est sauté dessus. Et d’un seul geste, il m’arrache mon cellulaire, me met un couteau sur le côté droit du ventre et me fait tomber par terre d’un croche-pied.
Lorsque j’étais à même le sol, je me suis presque instinctivement couvert le visage avec le bras. Là, mon agresseur a pu voir que je portais une montre. Il prend alors le bracelet de la montre et essaie de me l’arracher des mains. Bien que je lui aie dit, s’il te plait, ne me tire pas par terre, je vais l’ouvrir et te le donner, il a continué à m’accrocher la montre et à me tirer par terre, me causant différentes blessures à la main, aux bras et aux jambes.
Entretemps, les deux autres fouillaient grossièrement ma collègue pour lui vider ses poches. Et c’est lorsqu’ils ont trouvé les clefs de sa voiture qu’ils nous ont lâché. Ils s’emparent de la voiture de mon amie et volatilisent dans la nature en un clin d’œil… Nous n’avons montré aucune résistance de peur qu’ils ne nous agressent davantage. On craignait même le pire, c’est-à-dire qu’ils nous tuent! Ils n’étaient sûrement pas sobres.
Je n’ai pas senti une odeur d’alcool mais il est très possible qu’ils soient sous l’effet de la drogue », nous confie Dr Farah Hanini Arfaoui avec des paroles entrecoupées de larmes et une voix étouffée. Et que fait-elle après un incident aussi tragique ? Elle s’efforce d’oublier ses douleurs et les différents traumatismes physiques et psychiques qu’elle a vécus pour continuer sa mission de médecin de garde ! Voilà un exemple en matière de conscience professionnelle !
Parce que depuis le temps qu’elle s’est engagée à exercer un métier aussi noble, Farah, sait qu’il ne faut jamais déserter son poste une nuit de garde ! Et elle a continué sa mission toute la nuit, a été au service de ses patientes jusqu’au matin oubliant qu’elle avait pourtant le plus besoin de soutien…
Le corps médical et paramédical hors de ses gonds !
Pour toutes ces raisons réunies, tout le personnel de l’hôpital est sorti de ses gonds ! L’incident a eu lieu sur leur propre territoire de travail. Sur un lieu censé être sécurisé ! Sauf qu’un parking non éclairé, non clôturé est un endroit de prédilection idéal pour les délinquants de passage et autres sangsues en quête de victimes !
L’endroit est tellement insécurisé que quiconque sera volé, voire violé ou même tué sans que personne ne s’en rende compte. Le pseudo parking derrière l’hôpital se transforme en une scène cauchemardesque dès la tombée de la nuit ! Vols à l’arraché, voitures saccagées, personnel agressé, tout y passe…
Et si l’on veut que les professionnels continuent de jouer pleinement leurs rôles notamment de sauver des vies et de mettre des bébés au monde, il va leur falloir plus de sécurité ! Certes, au lendemain de l’incident, les agents de l’Armée nationale se sont rendus sur les lieux pour protéger l’entrée de l’hôpital… Sauf qu’à 17heures, l’endroit est de nouveau déserté !
Par solidarité avec leurs collègues, et pour dénoncer les multiples agressions et actes de violence dont ont été victimes les médecins, pharmaciens et le corps médical et paramédical, ces derniers temps, l’hôpital a observé une journée de grève. Certes, on continuait de recevoir les cas d’urgence et les femmes sur le point d’accoucher. « Tout ce que l’on demande, c’est qu’on nous érige un mur de protection ! Est-ce trop demander ?», crient-ils unanimement et…légitimement…
A bon entendeur !
Bibi
Plus de détails : http://www.sante-tn.com
Comments
7 de 7 commentaires pour l'article 44619