Intifadha Bonjour,
@felten,un thème revient très souvent dans vos messages:les énergies renouvelables et l'environnement, sachez que la protection de l'environnement se taille la part du lion dans la république de l'islam,il nous serait très utile de connaître vos idées là-dessus et quelles solutions voyez vous pour quels problèmes dans ce domaine?
Tu me poses une question directe et d'apparence simple, je tacherai de te répondre le plus sincèrement possible mais, ça doit rester dans les limites d’une discussion de forum.
La république de l’Islam, j’en ai quelques fractions d’idées, mais pas suffisamment pour me constituer une appréciation complète. A vrai dire, tout ce que je sais provient exclusivement de ce que j’appelle provisoirement (et amicalement) le théorème de Jouda. En clair, je connais ce que vous rejetez, mais je ne connais pas ce à quoi vous aspirez. Je commence à me faire une petite idée, (et ce juste pour les besoins de te répondre) : si j'ai j’ai bien compris (tu me corrigeras) vous vous démarquez clairement des expériences et modèles islamiques déjà existants. Tu viens de m’ajouter que le modèle fédéral US garde vos faveurs,… Tous ces morceaux, ne me permettent pas de construire une représentation viable de ce projet. Donc tu comprendras facilement pourquoi, je m’abstiens et je ne m’avancerais pas d'avantage là dessus. (Par pure ignorance de ma part, je m’en excuse). Je me dévoile à mon tour, dans le seul but de créer un climat de confiance mutuelle. Je pense que l'Islam est mis à mal, parce qu'il se trouve entre les mains d'une communauté à la fois désemparée et contusionnée. Ce phénomène n'est pas isolé, il s'inscrit dans une " tourmente" générale qui s'est emparé du monde islamique à la sortie de la décolonisation. Je fais un parallèle avec l'architecture arabo-islamique: Imagines toutes ces belles demeures de la médina de Tunis et de la ville arabo-musulmane en général. Des bijoux, une perfection de raffinement issu d'un savoir faire ancestral et abouti. Elles ont été désossés et travesties en oukalas et bidonvilles!!! Sous le feu croisé de la pauvreté matérielle et culturelle et de la modernité mal assimilée. La médina, modèle achevé d'harmonie anthropologique et spatiale, a été défigurée pour une partie, par la ruralisation dévastatrice, l'autre partie a été modernisée à coups de bulldozer pour ériger à la place des pastiches à la façon de l’architecte Clément Kakoub, (quoi que Kakoub, reste un grand architecte, je ne le critique pas pour autant, qu'on se comprenne). Mais il a été l’instrument de la transfiguration de type OGM. Le mouvement est réversible, faut’ il une prise de conscience de la valeur de ce patrimoine et une mobilisation mondiale (car il s’agit d’un patrimoine de l’humanité) à la fois précautionneuse et appropriée.
A la réflexion, les musulmans, ne sont plus dans un monde dual classique :« dar el harb et dar l’islam ». Ils sont tout simplement par tout et en même temps, en position souvent minoritaire (situation inédite). Paradoxalement, le musulman est beaucoup malmené dans les régimes qui s’auto-déclarent de l’Islam (les pays Islamiques despotiques à majorité pourtant musulmane). Donc je pense comme Mohamed Talbi sur ce point précis, je le cite : « C’est pourquoi je pense que le réformisme va réussir dans les communautés minoritaires d’Occident, là où il y a liberté ». Je rajoute que je serre attentivement ce qui se passe en Turquie et j’y vois la tentative la plus sérieuse de modernisation à la fois démocratique et pacifique des musulmans.
la deuxième partie de ta question concerne l'environnement et la question de l'écologie.
En ce qui me concerne : je pose le problème autrement : aujourd’hui nous vivons dans un monde qui ressemble de plus en plus à un village. Les musulmans sont partout dans ce village mondiale à la fois uni et disparate. Nous devons tous cohabiter et cogérer ce monde comme un patrimoine à transmettre pour les générations à venir. De ce point de vue nous sommes tenus de nous comporter en responsables dans la gestion globale du monde. Aujourd’hui, il y’a 2 milliards des habitants de la planète (1/3 de la population mondiale) qui habitent dans des bidonvilles (dans des conditions indécentes et inhumaines), je ne parle pas de la pauvreté des maladies, etc. Le pire reste encore à venir ! Qu’allons-nous laisser aux futures générations ? Qu’allons-nous laisser à nos enfants ? Les problèmes écologiques n’ont pas des frontières.
Du coup, j'agis en tant que citoyen responsable dans ce monde j’ai mon itinéraire et mes aspirations. Mon itinéraire est identitaire avant tout. Mon aspiration c’est de vivre en intelligence avec le reste du monde dans la garantie de mon intégrité éthique, religieuse et identitaire. D’ou mon engagement pour la Palestine par exemple (je pars bientôt à Gaza en mission d’architectes sans frontières …), ne provient pas uniquement parce que je suis arabe et musulman, mais parce que cette injustice commise, fait partie de ma sensibilité que je partage avec des juifs et d’autres multi-confessionnels, aux problèmes de notre monde.
Sur le plan philosophique je me situe dans l’éclectisme poste-moderniste et je m’intéresse beaucoup à la critique de la modernité, notamment à travers L’Ecole de Francfort. Cette école se penche sur les concepts de critique de la modernité.
C’est la dialectique de la raison qui explique l’échec de la modernité. La raison, au cours de son histoire, s’est progressivement vidée de sa capacité à déterminer des buts universalisables. Elle devient muette et incapable de dire aux hommes comment vivre. Ses succès n’ont lieu que dans le champ des sciences naturelles et de la technique, pas dans celui de la morale ou de la politique.
je m'arrête là et j'insiste sur le caractère strictement personnel, non transposable de mon parcours. Alors de grâce, qu'on vienne pas me dire que j'essaye de vendre quoi que ce soit.