Afrique : les pays ayant misé sur l’agriculture et qui ont investi dans les infrastructures devront afficher des croissances élevées en 2023

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Amine BEN GAMRA (*)

Dans un contexte mondial toujours difficile et incertain, l’Afrique n’arrive pas à retrouver des taux de croissance élevés. Au même titre que l’économie mondiale, sa croissance devrait ralentir en 2023.

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Globalement, ce sont plutôt les pays ayant misé sur l’agriculture et les infrastructures qui devraient se porter le mieux. Il faut dire que la rente pétrolière n’a jusqu’à présent pas réellement profité aux pays africains dont les grands producteurs ont du mal à sortir de la dépendance des hydrocarbures.

En tête de liste, le Sénégal qui après une croissance de 4,7% en 2022, devrait afficher une croissance de 8,3% en 2023. Plusieurs leviers devraient contribuer à cette croissance. Outre les investissements dans l’agriculture et les infrastructures (autoroutes, routes, ports, ponts…) qui ont beaucoup contribué à la dynamique du pays au cours de ces dernières années avant d’être impactés par les effets de la pandémie du Covid-19 et de la guerre Russie-Ukraine, la croissance devrait aussi bénéficier, notamment en 2024, de l’exploitation du gaz et du pétrole avec le début de l’exploitation des gisements de gaz Grand Tortue-Ahmeyime à la frontière maritime avec la Mauritanie.

Derrière le Sénégal, la République démocratique du Congo (RDC) devrait afficher des taux de croissance de 6,3% en 2023 et 6,5% en 2024, après un taux de croissance de 6,6% en 2022. Cet immense pays aux ressources minières exceptionnelles a encore du mal à exploiter pleinement son potentiel économique. La corruption et les guerres civiles empêchent la RDC de tirer pleinement profit de ses ressources naturelles (pétrole, gaz, bois, diamant, or, coltan…), notamment de ses minerais stratégiques durant cette période de transition énergétique (cobalt, cuivre, lithium…).

La Côte d’Ivoire maintient son rang d’une des économies les plus dynamiques du continent qu’elle occupe depuis la fin de la crise post-électorale avec des taux de croissance dépassant en moyenne les 8%, en dehors des trois dernières années marquées par le Covid-19 et la crise en Ukraine.
Ainsi, après une croissance de 6,7% en 2022, le PIB devrait croître de 6,2% en 2023 et 6,6% en 2024. L’agriculture demeure la locomotive économique du pays. Premier producteur mondial de cacao et d’anacarde, et occupant de bonnes positions dans la production de nombreux autres produits agricoles (banane, ananas, café…), la Côte d’Ivoire fait désormais le pari de la diversification en s’attaquant à la transformation de ses produits agricoles pour plus de valeur ajoutée et de création d’emplois. Parallèlement, les investissements dans les infrastructures (ponts, barrages, ports, métro, autoroutes…) contribuent à booster l’économie du pays.
En ce qui concerne l’Ethiopie, le pays est habitué à des croissances élevées depuis plus d’une décennie, même si cette évolution a été freinée par le Covid-19 et la guerre civile au Tigré. Outre les services, les infrastructures (barrages, chemin de fer…), les investissements directs étrangers notamment chinois, l’économie éthiopienne repose sur l’agriculture qui représente plus des deux tiers du PIB du pays. Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique derrière le Nigeria, l’économie éthiopienne peut aussi compter sur un marché intérieur important de plus de 110 millions de consommateurs. Après une croissance de 6,4% en 2022, le PIB du pays devrait croître de 6,1% en 2023 et 6,4% en 2024.

Au-delà de ces quatre leaders de la croissance économique africaine pour les deux années à venir, l’Ouganda, le Kenya, la Tanzanie et le Mali devraient également enregistrer, selon les projections du FMI, des taux de croissance supérieurs à 5% en 2023 et 2024.

Si la Tanzanie et l’Ouganda affichaient des taux de croissance solides avant la pandémie du Covid-19, ces deux pays vont bénéficier dans les années à venir des retombées positives de l’exploitation de leurs ressources pétrolières. C’est dire que ces pays pourront afficher des croissances beaucoup plus élevées dans les années à venir, si bien évidement cette manne est mieux gérée.

Idem pour le Kenya dont l’économie profitera en plus de sa position stratégique au niveau de la région en étant la porte d’entrée des pays de l’hinterland, la croissance bénéficiera des importants projets en infrastructures (port, chemine de fer, routes, barrages….), lesquels permettent au pays d’être le nœud des échanges commerciaux de la région.

Enfin, les taux de croissance prévus pour le Mali, 5,0% en 2023 et 5,9% en 2024 semblent surprendre du fait de l’instabilité que connaît ce pays sahélien depuis plus d’une décennie. Toutefois, le pays a montré une plus grande résilience face aux chocs externes (Covid-19 et crise en Ukraine) et à l’impact des sanctions prises par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au lendemain du coup d’Etat. La croissance économique malienne sera tirée par son secteur agricole qui fait du pays le premier producteur de coton du continent et grand producteur de nombreuses céréales (riz, millet, mil…) et par son secteur minier, notamment aurifère. Le Mali fait partie des cinq premiers producteurs africains d’or.

Quant à notre cher pays, il est prévu une baisse du taux de croissance de l’économie tunisienne allant de 2,5% en 2022 à 1,3% en 2023. Des chiffres qui en disent long sur le marasme économique en Tunisie. Mais, le pire c’est que ce taux de croissance économique en 2023 est 70% moins élevé que la moyenne des pays de l’Afrique.

* Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie



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