Du temps de ma Grand-mère...
La Tunisie célèbre pour la première fois la fête des grands-mères, ce dimanche, 2 mars.
Le ministère des affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées a élaboré un programme riche et varié pour la célébration de cette fête qui s'inscrit cette année sous le signe "une rose pour chaque grand-mère".
Le ministère des affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées a élaboré un programme riche et varié pour la célébration de cette fête qui s'inscrit cette année sous le signe "une rose pour chaque grand-mère".
(TAP, par Sarra Belguith) - La Grand-mère. Un mot qui éveille, pour chacun, de nous, tant de significations: l'enfance, les contes, l'identité, les confidences, l'affection, le rassemblement familial, la nostalgie ou hélas des souvenirs très vagues. Source de jouvence et de réconfort au sein de la famille, l'absence de la grand-mère occasionne, pour tous ses membres, un grand vide.
Célébrée, désormais en Tunisie, tous les premiers dimanches du mois de mars, la fête des grand-mères est une tradition déjà instaurée sous d'autres cieux.
En Tunisie, les appellations autour de la grand-mère diffèrent d'une région à l'autre. Au nord du pays, les enfants utilisent essentiellement le terme "Mammati" dérivé de maman, ou encore "Azizti" (Ma chérie), invoquant ainsi un lien affectif très fort porté à la grand-mère, qui incarne l'oreille attentive et cède aux caprices des petits-fils.
Les originaires du Cap Bon l'appellent tout simplement "Hbibti" (mon amour) parce que c'est elle la confidente et l'élue de tous les cœurs. Les originaires du Sahel tunisien, la surnomment "Hanna" ou "Hannati", par référence à "Hanin" et "Hanan", c'est à dire nostalgie et tendresse. Le terme "Jedday", "Jeddati" ou "Yamma" utilisés au Sud tunisien, nous font penser à "la Oula" (approvisionnement traditionnel de l'année), au tissage des margoums (tapis traditionnels) et à tous les moments de bavardages réconfortants et spontanés lors du rassemblement familial.
On l'appelle aussi "Déda", la voix de la sagesse, réputée pour son rôle de réconciliateur dans la famille, refuge de l'enfant poursuivi par un père autoritaire, ou le coup de bâton de la maîtresse des lieux au moment ou le Chef de maison se livrait à ses tâches quotidiennes. C'est elle qui possède les recettes magiques d'un remède contre les maux et les secrets de la beauté naturelle.
Pour les tunisois, "Nana" ou encore "Lella", inspire égard et respect envers celle qui, voyant par le petit bout de la lorgnette, rappelle le temps du crochet et de la confection des napperons en dentelles.
Le plus souvent, on l'appelle tout simplement "Ommi", (maman) puisque c'est elle envers qui on se tourne à la naissance du bébé, elle qui garde les enfants en bas âge, quand la mère travaille toute la journée, et qui les ramène, à travers ses contes légendaires, vers un univers onirique.
Pour la taquiner, d'autres la surnomment "Mama Azouza" c'est à dire maman la vieille, celle qui, canne à la main, et sur un ton grincheux, exige obéissance et ne tolère d'être contestée ou contredite.
Symbolisant la mémoire, la grand mère, attirait, en anecdotière, ses petits fils par les jeux amusants de charade, et en leur exhibant les charmes des proverbes d'antan pour leur apprendre la bonne morale.
Dans les périodes des fêtes comme "Aid El Fitr" (Fête marquant la fin du mois du jeûne) et "Le Mouled" (Fête de la naissance du prophète), la demeure de la grand-mère est la plus sollicitée, pour pouvoir savourer les plus délicieux plats et pâtisserie traditionnels, préparés par cette grande experte.
Devenu au fil du temps une source d'inspiration, le personnage de la grand mère prend sa place dans les contes pour enfants avec le plus connu de tous "Le petit chaperon rouge". Souriante et accueillante, elle figure dans l'une des icônes d'une marque de Café français. Réputée pour son dynamisme, son mêle à tout, la vieille maman incarne un rôle central dans les anciennes séries télévisées tunisiennes comme la fameuse "Ommi Traki, Nas Mlah". De nos jours, "Ommi Yammi" et "Mamie", sont les termes de la génération très tendance, véhiculés par la série télévisée humoristique diffusée au cours de ramadan "Choufli hall" (Trouve-moi une solution) qui livre l'image traditionnelle de la grand-mère, comme source d'équilibre et d'ordre, et celle des temps modernes, qui répond à tous les désirs en comblant ses petits enfants par des gestes d'une gâterie parfois démesurée.
Inscrite dorénavant dans le calendrier des fêtes, la célébration de cette journée est également un nouveau signe de reconnaissance marquant la sollicitude constante portée aux personnes âgées.
Cette nouvelle manière de témoigner son estime à l'égard de la Grand-mère, transportée, à l'époque des nomades, dans un couffin de duvet "Koffet Errich", est révélatrice de plus d'un sens.
Comments
6 de 6 commentaires pour l'article 12817