La regrettée Mme Néziha Maghrebi (le visage qui a inauguré la TV). A ses côtés, le réalisateur Abdeljabar Bhouri et le producteur Tahar Melligi, lors de leur décoration de la médaille du Mérite culturel par le ministre de la Culture, au nom du Président Zine El Abidine Ben Ali (Photo Mouldi CHAIRAT)



La T.V. nationale ne possédait pas encore d’instruments d’enregistrement et on proposa donc en direct une série de mouachahat andalous donnés par la chorale de la radio et quelques chansons interprétées par Mohamed Mourali, Naâma, Oulaya et Ali Riahi.
Après la chanson, vint le tour du théâtre. Le réalisateur Abderrazzak Hammami proposa une pièce écrite par Ali Douagi Zaoubaâ fi fenjel (Une tempête dans un verre d’eau) et interprétée par Noureddine Kasbaoui, Mouna Noureddine et Rachid Gara.
La danse était aussi présente. Le ballet Hamadi Laghbabi présenta des tableaux folkloriques auxquels participa la ravissante danseuse Leïla Samir.

Chant, danse et malouf

Le premier réalisateur à avoir filmé les rubriques de malouf, de chant et de danse a été Rachid Ferchiou.
Le 29 octobre 1965, la seconde séance expérimentale dura deux heures et quart, en direct bien entendu. Tahar Gharsa y chanta Al Wachma, Hassiba Rochdy Mahlaha tadhbilet ainek, Kamel Raouf Nagati Naïma ya bent el jar et Atabla wel mizmar, Mohsen Raïes Zid layami zid et Ya nassima, Ridha Kalaï proposa un thème musical sur violon, accompagné par Salima Zaouch par la danse.
Une série de numéros de magie et de prestidigitation clôtura cette séance animée par Hédi Semlali qui y interpréta La Radio ou Erradio, une chanson de Salah Khemissi.
Hédi Besbès se chargea de la réalisation de cette session. Le décor a été conçu par Mahmoud Thameri.

Speakerines et journalistes

Les premières speakerines qui apparurent à la télévision tunisienne furent Mmes Néziha Maghrebi, Nébiha Ben Smida, Afifa Ben Achour et Fekria Gharbi.
Par la suite, on verra Mmes Salwa Ayachi, Lilia Ben Dkhil, Wahida Bel Hadj. Donia Chaouch, Salwa Sajir, Narjès Bouaziz, Daâd Hamadi présentaient, elles, le programme en langue française.
Le journal télévisé en langue française était présenté par MM. Moncef Chelli, Moncef Dlimi et Kamel Chérif.
Le journal télévisé arabe avait, lui, pour rédacteur en chef Ismaïl Lakhal, puis Kacem Mseddi, Abdelméjid Chaâr, Noureddine Mezni, Mohamed Habib Hriz et Mohamed Raouf Yaïche…
Plusieurs journalistes travaillèrent au J.T.A. dont nous citerons Ahmed Laâmouri, Maher Abderrahmane, Habib Ghrib, Rafika Annabi, Jamil Dakhlaoui, Habib Saïd, Kmar Kaâbi, Siham Baya, Houria Abdelkhalek et Moufida Hachani.
Mohamed Meherzi a été le premier rédacteur en chef du journal télévisé arabe (J.T.A.) et animait également Minbar el ousbou (La tribune de la semaine), avant de se consacrer à une carrière diplomatique.

Pluie d’émissions

L’un des pionniers de la télévision nationale en matière d’animation a été Ezzeddine Mlaouah.
Khaled Tlatli inaugura une information culturelle de grande qualité, produisant une série d’entretiens (Likaa) avec les ténors de la culture tunisienne et arabe (chanteurs, hommes de lettres, de théâtre et de cinéma…).
Mohamed Hédi Triki produisait et présentait Tarik Essalama (Le chemin de la sécurité), Maâ ettabib (Avec le médecin).
Frej Chouchane présentait Kaouss kouzah (Arc-en-ciel) et Kitab maftouh (Livre ouvert) en collaboration avec Mohamed Abdelkéfi.
Ridha Chtourou produisait des émissions d’aspect social.
Ridha Bahri animait Beïna el maâhed (Entre lycées).
Mme Wahida Belhaj Aalem (Figures marquantes).

Figures marquantes du théâtre T.V.

Le théâtre a été pris en charge, aux débuts de la télévision, par les comédiens de la radio nationale.
— Hamouda Maâli dans la série Haj Klouf du grand écrivain Ahmed Kheireddine qui fut proposée à la radio bien avant d’être jouée à la télévision.
Mais également Zohra Feïza dans Oumi Traki qui vit aussi une kyrielle d’acteurs de grande renommée y jouer : Salah Mohamed Mehdi, Mohamed Ben Ali qui incarna le rôle de Hattab dans Haj Klouf, Abdesslem El Bech, Tawfik Abdelli, Dalenda Abdou (la plus célèbre vieille dame de la radio et TV), Jamila Ourabi (le symbôle de la citadine), Hamadi Darragi dans la série Qadhaya (Affaires) du réalisateur Hédi Besbès, Mohamed El Hédi (la plus belle voix du service dramatique de la RTT), Mokhtar Hachicha, le célèbre procureur et Amor Khalfa l’avocat, tous deux dans la série Qadhaya (Affaires).

Nous citerons également Mounira Ben Arfa, Salwa Mohamed, Hassen Khalsi et Mohamed Mamdouh, les deux derniers étant toujours sur la brèche.

Nos vedettes de la chanson

La télévision nationale servit d’excellente caisse de résonnance pour nos chanteurs et musiciens, jusque-là à peine connus par leur voix mélodieuse : Ali Riahi, Mohamed Jamoussi, Hédi Jouini, Sadok Thraya, Mohamed Ahmed, Hédi Mokrani, Hédi Kallel, Raoul Journo, Youssef Témimi, Hassiba Rochdy, Fethia Khaïri, Oulaya, Naâma, Zouhaïra Salem, Soulef, Mustapha Charfi, Ahmed Hamza, Hédi Semlali et le virtuose Ridha Kalaï.
Malheureusement, la grande cantatrice Saliha ne connut guère la télévision et ce sera au tour de sa fille Choubeïla Rached de réparer cette frustration.
Noujoum el ghad et Fen wa mawaheb firent connaître beaucoup de jeunes chanteurs qui allaient percer et devenir à leur tour de grandes vedettes de la chanson.

Séries et feuilletons

Chapitre séries, feuilletons et fictions télévisés, on se rappelle de Jha réalisé par Aly Mansour, El joura ettaïba de Mohamed Ghodhbane, avec Abdesslem El Bech et Mounira Attya, Bou El Hawayej, une pièce réalisée pour la TV par Noureddine Chouchane, Taxi de Abderrazak Hammami avec Ezzeddine Brika (le Chanab de la radio) El Hani Bouderbala, jouée par la troupe théâtrale du Kef, réalisée pour la TV par Mohamed Haj Slimane qui a également réalisé le chef d’œuvre Ghada et le téléfilm Le village encerclé, El Anissa Fartatou réalisé par le «vieux» Youssef Yahyaoui, Errissala de Habib Harrar avec Hassen Khalsi, Ezzeddine Brika et Alya Harrar, la série Ibnatoukoum Raoudha (Votre fille Raoudha) de Habib Harrar dans une réalisation de Abdelkader Jerbi, Kadhaya (Procès) série d’affaires judiciaires réalisée par Hédi Besbès et qui connurent un franc succès, Hikayat Abdelaziz Laroui, série réalisée par Salem Sayadi et présentée en grande partie au mois de Ramadan.

Suspense à la Hitchcock !

Aly Mansour réalisera une série de téléfilms en noir et blanc dans le genre des thrillers pleins de suspense à la Hitchcock dont le plus célèbre aura été Essir khalfa el bab (Le secret est derrière la porte) avec Mokthar Hachicha et Hassen Khalsi, tiré du film Le crime était presque parfait d’Alfred Hitchcock.
Voilà ce que furent les débuts de la télévision tunisienne marqués par un extraordinaire engagement et une formidable soif de perfection.
C’étaient les temps héroïques de la TV et, déjà, pour un baptème du feu, son âge d’or.
Tahar Melligi