Tunisie, histoire de femmes ...

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De la journaliste franco tunisienne, Feriel Berraies Guigny.Paris
La Tunisie est l’exception arabo-musulmane en matière de condition féminine. C’est ce que l’historienne et réalisatrice Fériel Ben Mahmoud (photo) montre dans « Tunisie, histoire de femmes ».
Ce film documentaire retransmis le mois de mars et avril 2006 sur France 5 et diffusé à l’Institut du Monde Arabe, nous sert aujourd’hui de magnifiques « mémoire » et plaidoirie sur l’esprit visionnaire d’un grand homme, qui a su donner à la femme tunisienne tous ses droits. L’amour incommensurable qu’il vouait à sa mère, le respect de l’être humain en général et de la femme en particulier qui se reflétait dans chacun de ses actes, et le courage politique de « s’attaquer » à des traditions sont à l’origine de cette avancée sociale et humaine qui ont fait de la Tunisie un exemple et un précurseur. Comment oublier que ce sont les femmes d’hier, qui ont fait de nous, les femmes que nous sommes aujourd’hui ? Notre dette d’amour est éternelle. A noter que, cette année, l’Institut du Monde Arabe prévoit de faire une commémoration sur le premier président de la République Tunisienne. Femmes sera au rendez vous. Cinquante ans après, ce film nous fait revivre l’histoire unique d’un petit pays qui a su se démarquer de certains carcans orientalistes qui avaient longtemps relégué les femmes au second plan. Cette rétrospective historique, nous fait mesurer l’étendue des acquis socio juridiques de la femme tunisienne. L’accès à l’émancipation et à l’autodétermination de toute une population sortie de l’archaïsme de certaines coutumes arabo-musulmannes qui continuent de sévir aujourd’hui, dans des pays limitrophes. La grandeur d’un pays se mesure par son évolution et pour ce qui est des femmes, la Tunisie se distingue de tous les pays arabes ; elle est un modèle de référence, parfois même on lui reproche d’être trop « ouvert » et « visionnaire », voire anti-islamique. De la loi abolissant la polygamie et la répudiation, à la loi sur le divorce, des mesures sanitaires de planning familial qui ont ouvert le pas à la légalisation de l’avortement, à l’accès aux moyens pour la contraception, que d’avancées pour un pays « en voie de développement ». Paradoxalement, alors que la Tunisie est pionnière depuis près de cinquante ans s’agissant de l’avortement, des grandes puissances « démocratiques » comme les Etats-Unis, le Canada, s’embourbent dans des polémiques conservatrices auxquelles le retour au puritanisme religieux n’est pas étranger. L’avortement à l’heure actuel est interdit dans plusieurs Etats du Sud des Etats-Unis comme le Dakota ou le Mississipi et les seules causes de viol ou d’inceste, ne suffisent même plus à le faire pratiquer. Grande aberration ou retour à l’obscurantisme religieux du christianisme ? Et pourtant ce courant n’a de cesse de pointer son doigt accusateur sur « notre islam » qu’ils considèrent de plus en plus « intégriste » ?!!!…
La célébration du cinquantenaire de la République et du code du Statut Personnel est une nouvelle opportunité pour nous de mesurer, en tant que femmes tunisiennes, tous nos acquis.
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Merci donc à nos grands penseurs et merci également au Président Ben Ali qui a repris ce bel héritage pour le perpétuer.

Le documentaire de Feriel Ben Mahmoud fait parler cette histoire commune que nous partageons toutes, à travers des images d’archives retraçant le parcours de la femme de l’après indépendance à aujourd’hui. Dans une seconde étape, le documentaire nous dévoile une approche plus intimiste, donnant la parole à certaines femmes issues des différentes couches sociales. A travers chacune d’elles, nous découvrons un vécu, des combats, des aspirations. Nous vivons également leurs frustrations dans une société à deux sens, qui entretient sciemment, aux yeux de tous, une certaine hypocrisie sociale.
Car au-delà des réformes, et de la forme juridique subsistent les questions de fonds. La femme tunisienne est libre et émancipée certes dans les textes et dans son attitude, mais jouit-elle vraiment de toutes ses opportunités ? dans les zones rurales et défavorisées, peut-elle vraiment les revendiquer ? s’il y a eu évolution du statut de la femme, comment expliquer que les mentalités masculines soient plus lentes à changer ? l’homme peut-il et veut-il vraiment suivre cette transition, est-il capable de la digérer ou se sent-il contraint? pourquoi le poids des traditions continuent de persister s’agissant de certaines questions liées à la religion, au mariage tout court et au mariage mixte, sans oublier la sexualité ou les droits de succession ?
Pourquoi une femme émancipée non mariée est toujours pointée du doigt ? une femme divorcée est-elle pour autant synonyme de mauvaise vertu ? pourquoi est-il toujours aussi difficile pour certains d’accepter la réussite socioprofessionnelle des femmes sans pour autant qu’ils se sentent rabaissés ? Pourquoi l’administration tunisienne qui est supposée faire appliquer la loi de facto sans aucune forme de discrimination, est restée très misogyne et phallocrate ?
La Tunisie vit à deux vitesses : d’une part la femme tunisienne libérale qui joue à la libérée, bien qu’elle n’en ait pas toujours les moyens. D’autre part, un homme tunisien, somme toute, qui continue de ressembler à son grand père, et qui a du mal à suivre le rythme. Entre le discours affirmant l’acceptation de l’émancipation de sa «compagne » et le retour au conservatisme précoce, quand il s’agit de « choisir l’épouse digne de porter ses enfants » la marge de réflexion est très large…
On pense en général, que le fils est toujours le résultat, le reflet de l’éducation de sa mère, mais alors la mère n’aurait-elle rien appris de Bourguiba ?
Ou peut être alors que Bourguiba ce grand homme , ce serait trompé et que s’agissant de la « Démocratie » et pour un pays jeune comme la Tunisie, il faut donner du temps au temps ; devrions-nous donner plus de temps aux hommes ?! A l’échelle du temps deux générations ce n’est pas grand-chose, mais à l’échelle d’une vie…Allez les Mamans, faites en sorte que les mentalités changent s’agissant des filles !

Fiche Technique :
Réalisation : Fériel Ben Mahmoud
Scénario : Fériel Ben Mahmoud et Nicolas Daniel
Durée : 52'
Format : Béta Numérique (film sous-titré en français) 4/3 et 16/9
Années de production : 2005
Coproduction : Alif Productions / France 5
Distribution : Alif Productions
Avec la participation du Centre national de la Cinématographie, du Fond Francophone Audiovisuelle du Sud (Agence Intergouvernementale de la Francophonie et CIRTEF) et du FASILD
Première Diffusion : 28 mars 2006 sur France 5
Photo: La première femme gynécologue au milieu de ses collègues du corps médical. Aujourd’hui elle a prés de 80 ans




Fériel Berraies Guigny

www.journaliste.montaf.com
feriel.book.fr




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